En savoir plus… Opportunités de pâturage de la ressource herbacée sous noyers par les brebis – Retour d’enquêtes dans le Sud-Est

En savoir plus… Opportunités de pâturage de la ressource herbacée sous noyers par les brebis – Retour d’enquêtes dans le Sud-Est

Le vendredi 13 décembre 2024, dans le cadre du projet PÂRTEN’R-AuRA (Pâturage de la Ressource herbacée des Territoires Nucicoles en Région Auvergne-Rhône-Alpes), la licence Eco-Conseil en Productions Agricoles du CFPPA de la Côte-Saint-André a fait la restitution d’un travail d’enquêtes auprès des nuciculteurs du Grésivaudan (territoire isérois au cœur de l’appellation AOP Noix de Grenoble) qui n’ont pas recours au pâturage dans leurs vergers.

Organisés en binôme ou trinôme, les étudiants ont ainsi enquêté, sur deux jours, 42 nuciculteurs. Ils se sont ensuite répartis l’analyse des questions en vue de la restitution.

Après un retour rapide sur le contexte nucicole dans lequel se place leur étude, les étudiants ont présenté les résultats de l’enquête sous forme de graphiques. Parmi les 42 nuciculteurs enquêtés, 8 d’entre eux avaient déjà eu recours dans le passé, ou pratiquaient actuellement le pâturage de leurs vergers, biaisant quelques peu les résultats.

De façon générale, le pâturage des vergers est bien vu par les producteurs qui pour la majorité seraient prêts à mettre en place la pratique. Ils privilégieraient toutefois le recours à un troupeau voisin ou à un moutonnier transhumant, même si l’un d’entre eux a indiqué que le schéma idéal, selon lui, serait l’acquisition de son propre troupeau (sans cependant y songer lui-même).

Sans surprise, les inquiétudes majeures ressortant de l’enquête sont :

  • le tassement du sol (fortement lié à l’année 2024 extrêmement humide, exacerbant cette crainte)
  • les modifications potentielles dans l’organisation de l’itinéraire technique
  • les dégâts possibles sur les arbres (écorçage sur jeunes arbres notamment même en vergers adultes du fait des remplacements annuels liés aux dégâts des tempêtes successives de ces dernières années)
  • le morcellement de leur parcellaire complexifiant le déplacement d’un troupeau

Malgré cela, il semble que les nuciculteurs soient majoritairement prêts à faire des efforts et adapter leur itinéraire technique en lien avec le passage d’ovins sur leurs parcelles mais ils expriment le besoin d’accompagnement, notamment de mise en relation et d’apports techniques (impacts sur le tassement, la fertilisation ou encore la récolte) pour les aider à mettre en place la pratique dans les meilleures conditions.

Les échanges qui ont suivi ont permis d’avoir le retour d’un producteur ayant recours au pâturage de ses vergers par des ovins depuis plusieurs années. Il a ainsi pu partager quelques-unes des retombées positives constatées sur son verger et en particulier le changement de flore sur le rang avec le développement de graminées – flore favorable et adaptée aux besoins de la récolte au sol. Il a également émis l’idée que, comparé à un outil mécanique de tonte ou de broyage, le pâturage est plus doux, avec un impact bien moindre sur la faune sauvage (gibiers, insectes…).

Mais attention au passage prolongé d’un troupeau qui peut engendrer des soucis de reprise de l’enherbement sur certaines zones de la parcelle, relaté par un second producteur de l’assemblée.

Des questions ont été soulevées sur les délais de réentrée des animaux après traitements phytosanitaires ou apport de fertilisation (notamment organiques), ou encore de retrait des animaux avant récolte, pour lesquels il n’existe pas de règles précises. Bien que peu de réglementations existent sur cette pratique, la certification Global GAP semble plus contraignante sur ce type de pratique.

La plupart de ces questions techniques sont prévues à l’étude dans le cadre du projet PARTEN’R-AuRA qui se déclinera jusqu’en 2027.

L’installation d’un ou plusieurs éleveurs ovins sur le territoire, dont la faisabilité est étudiée dans le projet PÂRTEN’R- AuRA, doit être réfléchie à une échelle plus large que juste celle des exploitations nucicoles, dont la plupart ne voit une opportunité de pâturage de leurs vergers qu’entre mars et mai. Il sera donc nécessaire dans cette optique de trouver d’autres ressources telles que prairies, landes et parcours, estives….

En conclusion, ce premier travail de terrain et ce temps de restitution ont été une bonne introduction aux travaux du projet PARTEN’R Aura et ont ainsi confirmé les freins locaux à lever pour le développement futur de la pratique sur le territoire. A suivre donc et rdv pour de prochaines rencontres en 2025 !

Echos terrain n°6 : Article Réussir le Périgord « Diversifier le pâturage »

Echos terrain n°6 : Article Réussir le Périgord « Diversifier le pâturage »

Réussir le Périgord s’est rendu chez Thierry Grave à Saint-Cyprien (24) pour parler pâturage des vergers de noyer par les brebis. Le Salon de l’élevage et des Territoires qui a eu lieu le 29 juin 2024 sur ses terres tenait à mettre cette pratique à l’honneur. Angèle Casanova, conseillère arboricole, et Camille Ducourtieux, conseillère ovin, toutes deux à la Chambre d’Agriculture de Dordogne donnent leur expertise.

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Echo terrain n°4 – Les Moutons font étapes sous les noyers

Echo terrain n°4 – Les Moutons font étapes sous les noyers

Article paru le jeudi 14 mars 2024 dans Terre dauphinoise – n°3603

NUCICULTURE / Les producteurs de Poliénas ont accueilli au printemps dernier un troupeau de 1 200 brebis pour pâturer sous les noyers. Ils se promettent de renouveler cette année ce partenariat éleveur-nuciculteur.

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Écho terrain n°3 – Pâturage en verger de noyers : Retours d’expérience à Polienas

Écho terrain n°3 – Pâturage en verger de noyers : Retours d’expérience à Polienas

Le 29 août dernier s’est déroulée un partage d’expérience autour du pâturage en verger de noyers. A cette occasion, une vingtaine de personnes regroupant producteurs et élèves de l’enseignement agricole se sont réunis pour échanger sur les points clés et de vigilance de la mise en place du pâturage ovins en vergers de noyers.


Retour d’expériences 2023 – Cédric Ruzzin & Didier Buisson

A l’origine un nuciculteur de Poliénas contacte ses collègues de Vinay qui accueillent des ovins sous les noyers de leur commune. Il contacte l’éleveur, un transhumant, qui mène 3 000 brebis, basé l’hiver dans les Bouches-du-Rhône, et l’été en Maurienne. Parallèlement, des nuciculteurs voisins manifestent leur intérêt pour le projet.
Ainsi, ce sont les parcelles de 8 nuciculteurs, 80 ha qui sont pâturées entre le 17 avril et le 27 mai par 1 200 brebis. Les parcelles sont regroupées par lot de 10 à 20 ha et clôturées au filet. L’éleveur a pu se sentir rassurer par la présence dans le groupe d’éleveurs ovins Cédric et René Ruzzin qui ont 80 brebis sur leur ferme, et connaissent le pâturage sous noyers qu’ils pratiquent déjà depuis plus de 30 ans, dans leurs vergers autour de leur exploitation,
et dans des zones de coteaux non mécanisables : « On savait que ça marchait sans dégât ni sur les arbres, ni sur les brebis ».
Les noyers ne sont pas irrigués, mais l’herbe a été présente en quantité et en qualité (période relativement pluvieuse en 2023). Le troupeau a été déplacé tous les 5 à 7 jours, avec une hauteur de sortie de quelques centimètres.


▪ 1 200 brebis / 80 ha => 15 brebis/ha sur 1,5 mois
▪ 1 200 brebis / 15 ha => 80 brebis/ha sur 5 à 7 jours (conditions poussantes)


Les agneaux, dans ces conditions, ont gagné un mois de durée d’engraissement, selon l’éleveur. Les conditions de pâturage tournant, sans retour sur les parcelles favorisent aussi une bonne santé, avec un moindre impact des parasites. L’éleveur très présent (passage tous les 2-3 jours) a reçu de l’aide des nuciculteurs pour des changements de parcs, de la surveillance, de l’abreuvement et l’alimentation des chiens de protection. Cette entente a été cordiale, orale, sans convention. Nécessité de confiance mutuelle et d’entraide entre les acteurs. La commune s’est également impliquée dans le projet, en mettant, ponctuellement, à disposition des employés municipaux pour le transfert de parcelles.
A noter : 1er déplacement du troupeau effectué en présence des agneaux = beaucoup de bruits la nuit suivante en raison des bêlements des brebis recherchant leur agneau Importance de bien communiquer avec le voisinage pour qu’ils qu’il ne soit pas surpris/pris au dépourvu
(dans ce cas-ci, aucune plainte à déplorer suite à cet évènement).
Concernant les chiens de troupeau (patous), ça s’est bien passé (hormis une escapade des patous à gérer sur la commune –il a fallu 2 h pour réussir à les faire revenir dans l’enclos car les chiens sont très peureux hors des parcs). Par ailleurs, pour éviter des désagréments avec les animaux et les chiens de protection, un arrêté municipal limitant la circulation des chiens, errants et en laisse a été pris, affiché largement.
Aucun problème n’a été constaté avec les riverains, qui, au contraire, ont fortement apprécié la présence d’animaux dans leur paysage.


Une action de petite envergure a été réalisée avec l’école, en organisant un passage du troupeau devant l’établissement le dernier jour. L’an prochain, un temps un peu plus significatif sera pris avec les élèves de l’école, par l’organisation d’une petite transhumance entre pâture et place du village.

Aucun dégât sur les arbres n’a été constaté. Les jeunes arbres sont protégés d’un filet. « Les brebis peuvent avoir tendance à consommer les feuilles des branches basses des jeunes arbres » . Le troupeau a quitté Poliénas avant le début des traitements. Un broyage a été évité grâce à cette technique. « Et même s’il a parfois fallu faucher des refus, cela ne nécessite pas la même puissance et le même temps de travail » (passage de broyeur plus tardif, à vitesse d’avancement plus importante).
Cette fois-ci, une seule espèce a été retrouvée en refus : l’ortie. L’expérience sera renouvelée au printemps 2024. Le souhait est de faire venir le troupeau plus tôt, afin de faire rentrer les animaux dans une herbe plus jeune et de passer sur davantage de surface. Cela permettra également de faire un deuxième passage sur chaque parcelle, et d’éviter ainsi un autre broyage. Certains producteurs assez frileux pour intégrer le groupe la première année sont partants pour faire partie de l’expérience en 2024.

Retour d’expériences 2023 – Olivier Gamet


Après une première année concluante avec l’accueil d’une partie d’un éleveur transhumant, Olivier Gamet souhaitait renouveler l’expérience cette année. Olivier sème des couverts sous noyers (70% Féveroles, Vesce, Avoine, Pois) pour améliorer structure et fertilité du sol. Son souhait était de faire pâturer plus tôt qu’en 2022. Pour cela, il contacte un éleveur de Savoie, qui amène 80 brebis accompagné d’un chien de troupeau (berger d’Anatolie). L’accord est pris de déléguer la surveillance, la constitution de parcs et la circulation au pâturage à Olivier, sous rétribution financière. L’éleveur n’est jamais revenu durant la période de présence. Les brebis sont arrivées vers le 20 mars et sont reparties mi-juin.
Un pâturage tournant dynamique est organisé sur des parcs de 30 ares, avec changement de parcelles tous les 2-3 jours. Au 20 mars, les animaux ont boudé la féverole. 1 mois plus tard, elles l’ont très bien consommé (cette appétence plus ou moins importante de la féverole avait déjà été remarqué en plaine de Vienne où un producteur de grandes cultures a fait pâturer des brebis dans une de ces parcelles de féveroles, à un stade précoce, pour la
désherber : résultat concluant). Il n’y a pas eu de traitement sur les arbres. Aucun dégât sur arbre, ni tassement n’ont été constatés. Quelques gicleurs d’irrigation suspendue ont été abimés, mais sans conséquence. L’itinéraire technique sur son exploitation est adapté au pâturage. Bien que son exploitation ne soit pas en agriculture biologique, il n’utilise que des engrais organique, n’utilise plus de fongicides et est en confusion sexuelle. Les seuls traitements insecticides réalisés sur ses parcelles ont été effectués après le départ des brebis.
L’expérience sera renouvelée, avec, si possible, deux fois plus de bêtes.


Eléments complémentaires précisés par Catherine Venineaux (CA 38)

▪ Trames de convention entre arboriculteur & éleveur existent afin de garantir les missions de chacun dans le partenariat – mais très peu de personnes les utilisent en pratique. Il s’agit plus souvent d’accords oraux entre les acteurs du partenariat avec des arrangements en nature en cas de dégâts ( ex : dégâts sur asperseurs ou jeunes arbres compensés par un produit de l’élevage ). Toutefois, ce type de convention peut être utile pour les éleveurs dans le cadre de l’aide ovine, une aide à l’animal conditionnée, notamment, par la capacité à lister les lieux où l’animal pâturera dans l’année.
▪ Aucune réglementation n’existe sur le délai à respecter entre retrait des moutons (ou autres animaux) et
récolte des noix. Les préconisations oscillent entre 15 et 30 jours avant récolte.

Discussions autour du loup


M. Buisson a rapporté une solution dont il avait connaissance : augmenter la protection au niveau du parc de nuit en faisant 5 parcs concentriques, espacés les uns des autres de 2 m, pour dissuader les attaques.Le retour d’expérience des producteurs a permis la réalisation d’une fiche synthétique sur la mise en place du Pâturage dans les noyeraies

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter :


● Catherine Venineaux – Conseillère Ovins, Référente Départementale Bio Productions animales – Chambre d’agriculture de l’Isère – 06 81 44 95 42 – catherine.venineaux@isere.chambagri.fr
● Fanny Ringuet – Conseillère agronomie environnement – Chambre d’agriculture de l’Isère – 06 75 22 95 49 – fanny.ringuet@isere.chambagri.fr
● Delphine Sneedse – Chargée d’expérimentation – SENuRA – 06 04 40 78 13- dsneedse@senura.com Visite de parcelles : Pâturage en vergers de noyers – GREENFRUIT – 28/09/2023