Écho terrain n°7 : Couverts végétaux au verger : quelle stratégie pour mes semis ?

Couverts végétaux au verger : quelle stratégie pour mes semis ?

Le projet GREENFRUIT se poursuit en Dordogne et mobilise sur le terrain. Financé par le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire à travers le fond CASDAR, il s’intéresse à la gestion raisonnée de l’enherbement en vergers fruitiers et à son impact positif sur le potentiel de production des vergers à travers le retour d’expérience d’arboriculteurs. Cet automne a été l’occasion pour une vingtaine d’arboriculteurs de se retrouver au verger pour partager autour de leurs pratiques des couverts végétaux lors d’une animation conduite en partenariat avec la Coop Cerno et la FDCUMA.

Vingt-sept parcelles ont été mises à disposition ce printemps 2024 et suivies dans le cadre du projet pour estimer les biomasses produites, les éléments nutritifs captés et la dynamique théorique de libération de l’azote via la méthode MERCI. Malgré des conditions d’implantation et de développement difficiles du fait des conditions climatiques extrêmement humides de l’automne-hiver 2023/2024 et des semis tardifs à très tardifs (janvier-février pour certaines parcelles), le bilan reste, comme pour 2023, positif. Les couverts multi-espèces et de féverole ont ainsi atteint une moyenne de près de 4 tonnes de matières sèches par hectare. Certains enherbements spontanés gérés avec un retard de broyage (début juin), notamment riche en luzerne d’Arabie, se sont également démarqués atteignant jusqu’à 6,5 tonnes de matières sèches par hectare. L’expérience 2024 a surtout démontré l’importance de bien vérifier la qualité des semences utilisées pour s’assurer de leur faculté germinative qui peut être parfois à l’origine d’un échec de mise en place. Pour cela, il suffit de mettre à germer une cinquantaine de graine sur du coton imbibé d’eau dans une assiette et de dénombrer celles qui auront germé au bout d’une semaine à 10 jours.

Cette rencontre a été l’occasion de rappeler l’importance des couverts végétaux comme levier pour améliorer la pérennité des vergers. Un profil de sol 3D a démontré que le phénomène de compaction s’observe aussi en sol léger de vallée. Une démonstration de matériels de semis a également été réalisée pour mieux évaluer les compromis coût/qualité de semis. Quatre semoirs de semis direct ont été mis en concurrence avec un semis « à la volée » réalisé avec un épandeur à engrais. Rendez-vous au printemps pour faire les comptes !

Vous avez des questions particulières ou vous souhaitez apprendre à suivre l’impact de vos couverts végétaux ?

N’hésitez pas à vous rapprocher de vos techniciens ou des contacts GREENFRUIT en département !

Angèle CASANOVA, conseillère agronomie et arboriculture. Antenne du Périgord Noir. 06-74-91-33-29

Écho terrain n°3 – Pâturage en verger de noyers : Retours d’expérience à Polienas

Écho terrain n°3 – Pâturage en verger de noyers : Retours d’expérience à Polienas

Le 29 août dernier s’est déroulée un partage d’expérience autour du pâturage en verger de noyers. A cette occasion, une vingtaine de personnes regroupant producteurs et élèves de l’enseignement agricole se sont réunis pour échanger sur les points clés et de vigilance de la mise en place du pâturage ovins en vergers de noyers.


Retour d’expériences 2023 – Cédric Ruzzin & Didier Buisson

A l’origine un nuciculteur de Poliénas contacte ses collègues de Vinay qui accueillent des ovins sous les noyers de leur commune. Il contacte l’éleveur, un transhumant, qui mène 3 000 brebis, basé l’hiver dans les Bouches-du-Rhône, et l’été en Maurienne. Parallèlement, des nuciculteurs voisins manifestent leur intérêt pour le projet.
Ainsi, ce sont les parcelles de 8 nuciculteurs, 80 ha qui sont pâturées entre le 17 avril et le 27 mai par 1 200 brebis. Les parcelles sont regroupées par lot de 10 à 20 ha et clôturées au filet. L’éleveur a pu se sentir rassurer par la présence dans le groupe d’éleveurs ovins Cédric et René Ruzzin qui ont 80 brebis sur leur ferme, et connaissent le pâturage sous noyers qu’ils pratiquent déjà depuis plus de 30 ans, dans leurs vergers autour de leur exploitation,
et dans des zones de coteaux non mécanisables : « On savait que ça marchait sans dégât ni sur les arbres, ni sur les brebis ».
Les noyers ne sont pas irrigués, mais l’herbe a été présente en quantité et en qualité (période relativement pluvieuse en 2023). Le troupeau a été déplacé tous les 5 à 7 jours, avec une hauteur de sortie de quelques centimètres.


▪ 1 200 brebis / 80 ha => 15 brebis/ha sur 1,5 mois
▪ 1 200 brebis / 15 ha => 80 brebis/ha sur 5 à 7 jours (conditions poussantes)


Les agneaux, dans ces conditions, ont gagné un mois de durée d’engraissement, selon l’éleveur. Les conditions de pâturage tournant, sans retour sur les parcelles favorisent aussi une bonne santé, avec un moindre impact des parasites. L’éleveur très présent (passage tous les 2-3 jours) a reçu de l’aide des nuciculteurs pour des changements de parcs, de la surveillance, de l’abreuvement et l’alimentation des chiens de protection. Cette entente a été cordiale, orale, sans convention. Nécessité de confiance mutuelle et d’entraide entre les acteurs. La commune s’est également impliquée dans le projet, en mettant, ponctuellement, à disposition des employés municipaux pour le transfert de parcelles.
A noter : 1er déplacement du troupeau effectué en présence des agneaux = beaucoup de bruits la nuit suivante en raison des bêlements des brebis recherchant leur agneau Importance de bien communiquer avec le voisinage pour qu’ils qu’il ne soit pas surpris/pris au dépourvu
(dans ce cas-ci, aucune plainte à déplorer suite à cet évènement).
Concernant les chiens de troupeau (patous), ça s’est bien passé (hormis une escapade des patous à gérer sur la commune –il a fallu 2 h pour réussir à les faire revenir dans l’enclos car les chiens sont très peureux hors des parcs). Par ailleurs, pour éviter des désagréments avec les animaux et les chiens de protection, un arrêté municipal limitant la circulation des chiens, errants et en laisse a été pris, affiché largement.
Aucun problème n’a été constaté avec les riverains, qui, au contraire, ont fortement apprécié la présence d’animaux dans leur paysage.


Une action de petite envergure a été réalisée avec l’école, en organisant un passage du troupeau devant l’établissement le dernier jour. L’an prochain, un temps un peu plus significatif sera pris avec les élèves de l’école, par l’organisation d’une petite transhumance entre pâture et place du village.

Aucun dégât sur les arbres n’a été constaté. Les jeunes arbres sont protégés d’un filet. « Les brebis peuvent avoir tendance à consommer les feuilles des branches basses des jeunes arbres » . Le troupeau a quitté Poliénas avant le début des traitements. Un broyage a été évité grâce à cette technique. « Et même s’il a parfois fallu faucher des refus, cela ne nécessite pas la même puissance et le même temps de travail » (passage de broyeur plus tardif, à vitesse d’avancement plus importante).
Cette fois-ci, une seule espèce a été retrouvée en refus : l’ortie. L’expérience sera renouvelée au printemps 2024. Le souhait est de faire venir le troupeau plus tôt, afin de faire rentrer les animaux dans une herbe plus jeune et de passer sur davantage de surface. Cela permettra également de faire un deuxième passage sur chaque parcelle, et d’éviter ainsi un autre broyage. Certains producteurs assez frileux pour intégrer le groupe la première année sont partants pour faire partie de l’expérience en 2024.

Retour d’expériences 2023 – Olivier Gamet


Après une première année concluante avec l’accueil d’une partie d’un éleveur transhumant, Olivier Gamet souhaitait renouveler l’expérience cette année. Olivier sème des couverts sous noyers (70% Féveroles, Vesce, Avoine, Pois) pour améliorer structure et fertilité du sol. Son souhait était de faire pâturer plus tôt qu’en 2022. Pour cela, il contacte un éleveur de Savoie, qui amène 80 brebis accompagné d’un chien de troupeau (berger d’Anatolie). L’accord est pris de déléguer la surveillance, la constitution de parcs et la circulation au pâturage à Olivier, sous rétribution financière. L’éleveur n’est jamais revenu durant la période de présence. Les brebis sont arrivées vers le 20 mars et sont reparties mi-juin.
Un pâturage tournant dynamique est organisé sur des parcs de 30 ares, avec changement de parcelles tous les 2-3 jours. Au 20 mars, les animaux ont boudé la féverole. 1 mois plus tard, elles l’ont très bien consommé (cette appétence plus ou moins importante de la féverole avait déjà été remarqué en plaine de Vienne où un producteur de grandes cultures a fait pâturer des brebis dans une de ces parcelles de féveroles, à un stade précoce, pour la
désherber : résultat concluant). Il n’y a pas eu de traitement sur les arbres. Aucun dégât sur arbre, ni tassement n’ont été constatés. Quelques gicleurs d’irrigation suspendue ont été abimés, mais sans conséquence. L’itinéraire technique sur son exploitation est adapté au pâturage. Bien que son exploitation ne soit pas en agriculture biologique, il n’utilise que des engrais organique, n’utilise plus de fongicides et est en confusion sexuelle. Les seuls traitements insecticides réalisés sur ses parcelles ont été effectués après le départ des brebis.
L’expérience sera renouvelée, avec, si possible, deux fois plus de bêtes.


Eléments complémentaires précisés par Catherine Venineaux (CA 38)

▪ Trames de convention entre arboriculteur & éleveur existent afin de garantir les missions de chacun dans le partenariat – mais très peu de personnes les utilisent en pratique. Il s’agit plus souvent d’accords oraux entre les acteurs du partenariat avec des arrangements en nature en cas de dégâts ( ex : dégâts sur asperseurs ou jeunes arbres compensés par un produit de l’élevage ). Toutefois, ce type de convention peut être utile pour les éleveurs dans le cadre de l’aide ovine, une aide à l’animal conditionnée, notamment, par la capacité à lister les lieux où l’animal pâturera dans l’année.
▪ Aucune réglementation n’existe sur le délai à respecter entre retrait des moutons (ou autres animaux) et
récolte des noix. Les préconisations oscillent entre 15 et 30 jours avant récolte.

Discussions autour du loup


M. Buisson a rapporté une solution dont il avait connaissance : augmenter la protection au niveau du parc de nuit en faisant 5 parcs concentriques, espacés les uns des autres de 2 m, pour dissuader les attaques.Le retour d’expérience des producteurs a permis la réalisation d’une fiche synthétique sur la mise en place du Pâturage dans les noyeraies

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter :


● Catherine Venineaux – Conseillère Ovins, Référente Départementale Bio Productions animales – Chambre d’agriculture de l’Isère – 06 81 44 95 42 – catherine.venineaux@isere.chambagri.fr
● Fanny Ringuet – Conseillère agronomie environnement – Chambre d’agriculture de l’Isère – 06 75 22 95 49 – fanny.ringuet@isere.chambagri.fr
● Delphine Sneedse – Chargée d’expérimentation – SENuRA – 06 04 40 78 13- dsneedse@senura.com Visite de parcelles : Pâturage en vergers de noyers – GREENFRUIT – 28/09/2023

Écho terrain n°2 – GREENFRUIT : Couverts végétaux dans les noyeraies du Périgord Noir, bilan gagnant !

Écho terrain n°2 – GREENFRUIT : Couverts végétaux dans les noyeraies du Périgord Noir, bilan gagnant !


Le projet GREENFRUIT est lancé en Dordogne. Ce printemps a été l’occasion de mettre en lumière le potentiel d’implantation des couverts végétaux dans les noyeraies et les réussites de producteurs du Périgord Noir. 


Essai transformé en Périgord Noir 

Douze parcelles ont été mises à disposition par des nuciculteurs du Périgord Noir pour estimer les biomasses produites, les éléments nutritifs captés et la dynamique théorie de libération de l’azote via la Méthode d’estimation des Restitutions par les Cultures Intermédiaires. Chez certains, la capacité d’infiltration d’un arrosage moyen (30 mm) entre les zones avec couvert végétal et sans couvert a pu être évaluée.  
Résultat : bilan gagnant pour 12 parcelles sur 12 ! Les couverts végétaux ont permis une réduction des apports nutritifs extérieurs grâce à la captation des éléments nutritifs. Les couverts à base de féverole ont, par exemple, permis une restitution moyenne en azote de 63 unités par hectare suite à leur destruction avec une cinétique théorique de libération proche des besoins du noyer. Les biomasses produites (5,4 tonnes de matière sèche par hectare en moyenne pour les couverts à base de féverole et 8,4 pour les couverts multi-espèces à base de vesce) ont permis la production in situ de matière organique stable favorable à la structuration des sols et au développement des micro-organismes du sol. Enfin, l’amélioration de la structure du sol dès la 1ière année s’est traduite par une capacité d’infiltration supérieure dans les zones avec couverts végétaux. 
Chacun s’accorde sur le positif de cette 1ière année. Toutefois, les producteurs rappellent qu’il est important d’adapter la technique à ses contraintes et sa capacité de travail et de la faire évoluer avec son verger. L’échange d’expérience reste selon eu la meilleure façon pour apprendre des erreurs et des réussites de chacun. 


Angèle Casanova, Chambre d’agriculture de Dordogne. Référente Dordogne projet GREENFRUIT.
Légende photo : Résultats des observations 2023 présentés à l’occasion de la journée de la Noix organisée par COOP CERNO. 8 juin 2023.